
Contrairement à l’idée reçue, la baisse de moral hivernale n’est pas une fatalité à subir, mais le terrain d’entraînement idéal pour développer votre plus grand atout : l’autonomie mentale.
- L’entraînement solitaire se transforme en un dialogue stratégique avec soi-même, devenant un outil de performance.
- Le progrès se mesure en qualité d’expérience et en maîtrise technique, pas seulement en kilomètres ou en vitesse.
Recommandation : Adoptez une routine-refuge et une planification inspirée du contexte suisse pour transformer la contrainte de l’isolement en une véritable force intérieure.
Le réveil sonne. Dehors, il fait encore nuit, le froid s’infiltre et la simple pensée de la sortie solitaire qui vous attend pèse lourdement. Pour le triathlète ou le coureur d’endurance, l’hiver en Suisse est un test. La motivation, si vive durant les mois d’été, s’érode face à la solitude, au manque de lumière et à la répétition des efforts dans des conditions difficiles. Ce sentiment de lassitude est normal, et vous n’êtes pas seul à le ressentir. Beaucoup d’athlètes traversent cette phase, une sorte de blues saisonnier où la passion semble s’éteindre.
Les conseils habituels, comme s’habiller en couches ou écouter un podcast, atteignent vite leurs limites. Ils traitent les symptômes, mais ignorent la cause profonde du mal-être : une déconnexion mentale. L’absence d’objectifs compétitifs imminents, de paysages ensoleillés et de partenaires d’entraînement crée un vide que le matériel seul ne peut combler. C’est ici que la dimension psychologique devient non seulement importante, mais cruciale.
Mais si cette période difficile n’était pas un obstacle, mais une opportunité ? Si l’effort solitaire, loin des foules et des chronos estivaux, était le moment privilégié pour forger une résilience psychologique profonde, une véritable autonomie mentale ? C’est le pari de cet article : considérer l’entraînement hivernal non plus comme une épreuve à endurer, mais comme un laboratoire pour développer des compétences mentales qui vous serviront toute l’année. En cessant de lutter contre les éléments, vous apprendrez à dialoguer avec vous-même et à utiliser les contraintes uniques de la saison comme des alliés.
Nous allons explorer ensemble des stratégies concrètes, issues de la psychologie du sport et spécifiquement adaptées au contexte suisse. Des techniques de dialogue interne à la gestion de la sécurité en montagne, en passant par une mesure objective de vos progrès, vous découvrirez comment transformer la solitude en une puissante alliée pour votre progression.
Sommaire : Les stratégies mentales de l’athlète solitaire
Utiliser le dialogue interne
La première et plus puissante arme de l’athlète solitaire est la voix dans sa tête. Souvent, cette voix est un critique sévère, soulignant la fatigue, le froid ou le manque de vitesse. Le dialogue interne stratégique consiste à transformer ce critique en coach. Il ne s’agit pas de « penser positif » de manière forcée, mais d’utiliser des phrases précises et intentionnelles pour guider l’effort. L’impact de cette approche est loin d’être anecdotique ; des recherches menées en Suisse montrent qu’un entraînement mental structuré peut améliorer les performances jusqu’à 15-20%. Cette amélioration ne vient pas d’une force physique accrue, mais d’une meilleure gestion de l’effort et des émotions.
Le dialogue interne se décline en plusieurs types, chacun adapté à une phase de l’entraînement. Avant la sortie, il s’agit d’un dialogue de préparation, où vous formulez des affirmations claires sur vos intentions (« Aujourd’hui, je me concentre sur une montée régulière »). Pendant l’effort, il devient motivationnel ou technique. Dans une montée difficile, des mots-clés rythmés comme « léger », « puissant », « stable » peuvent synchroniser le corps et l’esprit. Dans une descente technique sur un sentier verglacé, des consignes précises comme « regard loin », « pieds agiles », « bras ouverts » maintiennent la concentration et la sécurité.

Comme le montre cette image, l’effort intense est avant tout une conversation intérieure. Ce coureur n’est pas seulement en train de se battre contre la pente ; il est en dialogue constant avec lui-même, gérant sa respiration, son rythme et ses pensées. C’est cette maîtrise du dialogue interne qui sépare l’endurance subie de la performance contrôlée. Il s’agit de verbaliser les points de contrôle : s’assurer de son hydratation, évaluer son niveau d’énergie et rester conscient des changements météorologiques. En devenant un narrateur actif de votre effort, vous reprenez le contrôle sur la perception de la difficulté.
Ce processus transforme l’expérience solitaire : chaque sortie devient une séance de pratique mentale, renforçant votre capacité à vous auto-réguler et à trouver des ressources en vous-même, sans dépendre de stimuli externes.
Mesurer ses progrès objectivement
Quand les courses s’espacent et que la météo rend les performances volatiles, comment savoir si l’on progresse ? La frustration de l’athlète solitaire en hiver vient souvent d’une mesure inadaptée du progrès. Se fier uniquement à la vitesse moyenne ou à la distance parcourue est un piège. Un sentier boueux ou une neige fraîche ralentiront inévitablement, créant un faux sentiment de régression. La clé est d’élargir sa définition du progrès en intégrant des métriques qualitatives, une approche affinée dans les centres d’excellence suisses.
Étude de cas : L’approche de triple évaluation de Macolin
Les athlètes formés à la Haute École Fédérale de Sport de Macolin (HEFSM) apprennent à dépasser les seules données de leur montre GPS. Ils utilisent un système de triple évaluation pour une vision holistique de leur performance. Premièrement, les données objectives (vitesse, fréquence cardiaque, dénivelé). Deuxièmement, la perception subjective de l’effort (RPE – Rating of Perceived Exertion) sur une échelle de 1 à 10. Troisièmement, des indicateurs de bien-être mental (qualité du sommeil, niveau de motivation, plaisir ressenti). Cette méthode permet de dissocier l’effort fourni de la performance brute, et de détecter les signes de surmenage bien avant que le corps ne cède, tout en validant les progrès même lorsque le chronomètre dit le contraire.
Adopter cette approche signifie déplacer son attention. Votre objectif n’est plus de « courir 10 km en 50 minutes », mais de « courir 10 km avec un RPE de 7/10 et un sentiment de contrôle dans la dernière montée ». Cela change tout. Le progrès devient visible dans la capacité à maintenir un effort stable, dans l’amélioration de la technique en descente ou dans le plaisir ressenti malgré des conditions difficiles.
Ce tableau, inspiré d’analyses comme celles de l’IRBMS, illustre comment passer de métriques traditionnelles à des indicateurs plus fins et plus adaptés à l’entraînement en endurance, comme le montre cette analyse comparative des approches mentales.
| Métriques traditionnelles | Indicateurs qualitatifs avancés | Application pratique |
|---|---|---|
| Vitesse moyenne (km/h) | Score de constance en dénivelé | Maintien d’un effort stable sur 500m D+ |
| Distance totale | Temps d’acclimatation altitude | Adaptation respiratoire au-dessus de 2000m |
| Fréquence cardiaque max | Variabilité FC en récupération | Retour au calme après effort intense |
| Temps au kilomètre | Indice de plaisir perçu | Échelle 1-10 de satisfaction post-sortie |
En vous concentrant sur ces indicateurs qualitatifs, vous vous détachez de la tyrannie du chronomètre et vous reconnectez à l’essence de l’effort : la maîtrise de soi, l’adaptation et l’écoute de son corps. Le progrès devient une certitude, même les jours où la performance brute n’est pas au rendez-vous.
Gérer la sécurité en solo
S’entraîner seul, particulièrement en montagne et en hiver, comporte une part de risque inhérente. La beauté sauvage des paysages suisses peut rapidement se transformer en un environnement hostile. La gestion de la sécurité n’est donc pas une simple formalité, mais une compétence mentale à part entière. Elle repose sur la préparation, l’humilité et la capacité à prendre des décisions rationnelles lorsque la fatigue ou l’euphorie pourraient altérer le jugement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les secours en montagne suisses font face à un volume d’interventions conséquent, soulignant l’importance d’une approche préventive. Selon les données compilées, on dénombre plus de 3000 interventions de secours en montagne par année en Suisse, un rappel constant que l’imprévu fait partie de l’équation.
La sécurité active commence bien avant de chausser ses baskets. Elle inclut la consultation méticuleuse des bulletins de MétéoSuisse, la vérification des conditions d’enneigement et le choix d’un itinéraire adapté à son niveau et aux conditions du jour. C’est aussi la maîtrise des outils modernes : avoir le numéro de la REGA (1414) enregistré, et comprendre le fonctionnement d’applications comme Uepaa, qui peut s’avérer vitale en l’absence de réseau. Mais au-delà de la technologie, la sécurité est une affaire de mentalité. La culture de la montagne suisse valorise une compétence souvent sous-estimée en plaine : le renoncement.
Un guide de montagne certifié de l’Association Suisse des Guides de Montagne (ASGM) résume parfaitement cette philosophie : « Le renoncement en montagne n’est pas un échec, c’est une compétence de survie et une marque de maturité ». Savoir faire demi-tour face à une météo qui se dégrade, à une fatigue anormale ou à un passage jugé trop dangereux est le signe d’un athlète expérimenté, pas d’un athlète faible. Cette décision est un acte de gestion de soi, une preuve que l’objectif de la sortie n’est pas de conquérir un sommet à tout prix, mais de s’entraîner intelligemment pour pouvoir y retourner demain.
Votre plan d’action sécurité pour le trail en solo en Suisse
- Enregistrer le numéro de la REGA 1414 et installer son application pour une géolocalisation rapide.
- Consulter systématiquement l’application MétéoSuisse et les bulletins d’avalanches avant chaque sortie hivernale.
- Installer et savoir utiliser une application de sécurité comme Uepaa pour la localisation d’urgence hors réseau.
- Maîtriser la lecture des balisages cantonaux, notamment le blanc-rouge-blanc qui signale un sentier de montagne exigeant.
- Appliquer la méthode de planification 3×3 (évaluation des conditions, du terrain et du facteur humain) avant et pendant la sortie.
- Toujours informer un proche de son itinéraire précis, de l’équipement emporté et de l’heure de retour prévue, en s’engageant à le contacter à l’arrivée.
En intégrant ces pratiques, la sécurité cesse d’être une contrainte pour devenir une partie intégrante de votre autonomie mentale. Elle vous donne la confiance nécessaire pour explorer, tout en vous fournissant le cadre pour le faire de manière responsable et durable.
Créer une routine indestructible
Face à la démotivation hivernale, la volonté seule est une ressource épuisable. Le véritable rempart contre la lassitude est une routine indestructible. Mais il ne s’agit pas d’un emploi du temps rigide et punitif. Il s’agit de construire ce que l’on pourrait appeler une « routine-refuge » : un ensemble de rituels qui structurent la journée, réduisent la charge mentale liée à la décision et ancrent l’entraînement dans le quotidien, le rendant aussi naturel que de se brosser les dents. Cette routine devient un socle stable sur lequel s’appuyer lorsque l’envie fait défaut.
Une routine efficace ne se limite pas à l’heure de l’entraînement. Elle englobe les moments qui précèdent et qui suivent. Cela peut commencer par 5 minutes de visualisation au réveil, en buvant son café face aux Alpes, s’imaginant en train de réaliser une sortie fluide et agréable. Cela continue avec une nutrition adaptée, privilégiant par exemple des produits locaux comme les fruits secs du Valais pour un apport énergétique de qualité. La routine intègre aussi la préparation du matériel la veille au soir, éliminant ainsi une barrière à l’action le matin venu. L’objectif est de créer un enchaînement d’actions quasi automatiques qui mènent inéluctablement à la porte d’entrée, sans laisser de place au doute ou à la négociation interne.
Étude de cas : La routine d’un finisher de la Patrouille des Glaciers (PDG)
Un athlète amateur préparant la mythique PDG a mis en place une routine en trois temps pour concilier un emploi à 100% et un entraînement exigeant. Matin : 5 minutes de visualisation de l’itinéraire et des gestes techniques face aux montagnes. Journée : Nutrition structurée et hydratation constante. Soir : 10 minutes de planification de la sortie du lendemain en fonction des bulletins de MétéoSuisse, suivi d’étirements légers. Cette structure simple mais rigoureuse a éliminé la fatigue décisionnelle et a permis de maintenir une constance d’entraînement sur 6 mois, le menant à terminer l’épreuve avec succès.
Le témoignage d’une traileuse suisse illustre bien cet état d’esprit : « Malgré quelques montées raides et une course très difficile, nous avons été rapidement récompensés par une vue impressionnante sur la vallée de Lauterbrunnen et les trois sommets emblématiques de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau ». Cette récompense n’est pas seulement visuelle ; elle est le fruit d’une discipline ancrée dans une routine. Cette approche transforme la routine d’une contrainte en un « socle de liberté », un cadre qui permet d’allier la rigueur professionnelle typiquement suisse à la passion dévorante pour la montagne.
Votre routine est votre alliée la plus fidèle. Elle ne vous demande pas si vous êtes motivé. Elle vous prend par la main et vous guide à travers les jours sans, jusqu’à ce que la lumière et l’envie reviennent d’elles-mêmes.
S’auto-évaluer techniquement
S’entraîner seul signifie aussi être son propre coach technique. Sans le regard extérieur d’un entraîneur ou d’un partenaire, il est facile de laisser s’installer de mauvaises habitudes posturales ou de stagner dans sa technique de course. L’auto-évaluation devient alors une compétence clé pour continuer à progresser. Cela demande de l’honnêteté, de la curiosité et une approche structurée. L’objectif n’est pas de chercher la perfection, mais de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue, souvent appelée la méthode Kaizen : se concentrer sur un seul petit détail à la fois, semaine après semaine.
L’un des outils les plus simples et efficaces est la vidéo. Se filmer de profil pendant quelques secondes lors d’une montée ou sur le plat peut être révélateur. En comparant sa propre foulée à celle d’athlètes de référence (disponibles en ligne), on peut identifier des pistes d’amélioration claires : une posture trop affaissée, une attaque du pied inefficace, un manque d’utilisation des bras… Chaque semaine, on peut alors se donner un unique point de focus technique pour toutes ses sorties. Par exemple : « Cette semaine, je me concentre uniquement sur le planter de bâton en montée raide » ou « je travaille ma cadence en descente ».

Cette image illustre la précision requise pour une analyse technique. Chaque détail compte : l’angle du pied, la flexion de la chaussure, l’interaction avec le terrain. C’est ce niveau de conscience corporelle que l’athlète solitaire doit développer. Il s’agit de passer d’un mode de course « automatique » à un mode « conscient », où chaque mouvement est ressenti et peut être ajusté. La respiration est un autre domaine clé : travailler consciemment sur des rythmes (par exemple, 3 temps pour inspirer, 2 pour expirer en altitude) peut drastiquement améliorer l’endurance et le confort.
Voici un exemple de plan d’amélioration hebdomadaire inspiré de la méthode Kaizen, adapté au trail :
- Semaine 1 : Analyse vidéo de la foulée en montée et identification d’un point à corriger (ex: posture plus droite).
- Semaine 2 : Focus exclusif sur l’utilisation des bâtons pour la propulsion, non pour le soutien.
- Semaine 3 : Travail de la pose du pied en descente technique (plus sur l’avant du pied, moins sur le talon).
- Semaine 4 : Synchronisation de la respiration avec la cadence dans les portions de faux-plat montant.
- Semaine 5 : Optimisation des transitions, en cherchant à ne pas casser le rythme entre une montée et une descente.
Cette approche transforme chaque sortie en une leçon. Au lieu de simplement accumuler des kilomètres, vous accumulez des compétences. La progression devient tangible non seulement dans les chiffres, mais aussi dans les sensations : plus d’aisance, moins de douleurs, et le sentiment gratifiant de maîtriser de mieux en mieux son art.
Gérer la confidentialité
L’effort solitaire a une dimension paradoxale à l’ère numérique : il est souvent partagé. Des plateformes comme Strava ont transformé la pratique individuelle en une expérience sociale connectée. Si elles peuvent être une source de motivation et de communauté, elles posent aussi des questions cruciales de confidentialité et de sécurité. Le partage systématique de ses itinéraires peut révéler des informations sensibles, comme l’adresse du domicile, le lieu de travail, ou les heures habituelles d’entraînement. La popularité massive de ces outils, illustrée par les plus de 2 milliards d’activités enregistrées sur Strava en une seule année, rend cette prise de conscience indispensable.
Pour l’athlète solitaire, il est essentiel de trouver le bon équilibre entre le partage motivant et la protection de sa vie privée. Cela passe par une maîtrise des paramètres de confidentialité de ces applications. La plupart des plateformes permettent de créer des « zones de confidentialité » autour d’adresses clés, masquant ainsi le point de départ et d’arrivée exacts des activités. C’est le réglage de base indispensable pour éviter d’exposer son domicile. D’autres options permettent de contrôler qui peut voir ses activités (public, abonnés, ou privé) ou même de masquer complètement la carte pour certaines sorties.
La question se pose aussi sur la nature de ce qui est partagé. Est-il nécessaire que chaque sortie, y compris la petite course de récupération autour de chez soi, soit rendue publique ? Une stratégie saine peut consister à ne partager que les sorties les plus significatives ou celles réalisées dans des lieux non-habituels, tout en gardant les entraînements routiniers privés. Il s’agit de reprendre le contrôle sur son récit numérique, en décidant intentionnellement de ce qui appartient à la sphère publique et de ce qui relève de l’expérience personnelle. Cette démarche est une autre facette de l’autonomie mentale : être maître non seulement de son effort, mais aussi de ses données.
Gérer sa confidentialité, c’est aussi se protéger de la pression sociale insidieuse que ces plateformes peuvent générer. La comparaison constante des performances (les « KOMs » ou « QOMs ») peut devenir une source de stress et nuire au plaisir de la pratique. En paramétrant son compte de manière plus privée et en se concentrant sur ses propres métriques de progrès (qualitatives et quantitatives), on se réapproprie son entraînement. L’objectif redevient la progression personnelle, et non la validation par les autres.
Finalement, la gestion de la confidentialité est le pendant numérique de la gestion de la sécurité en montagne. Dans les deux cas, il s’agit d’anticiper les risques, de faire des choix éclairés et de s’assurer que la pratique du sport reste une source de plaisir et d’épanouissement, et non d’anxiété ou de danger.
Reconnaître la préparation mentale
Après avoir exploré des outils concrets comme le dialogue interne ou l’auto-évaluation, il est temps de prendre du recul et de reconnaître la préparation mentale pour ce qu’elle est : une discipline d’entraînement à part entière, aussi fondamentale que la préparation physique. Souvent perçue comme un concept abstrait réservé à l’élite, la préparation mentale est en réalité un ensemble d’habiletés cognitives et émotionnelles qui peuvent être apprises, pratiquées et maîtrisées par tout athlète, quel que soit son niveau. C’est la capacité à gérer la pression, à maintenir sa motivation, à rester concentré et à faire face aux difficultés.
Cette idée est au cœur des recherches en psychologie du sport en Suisse. Comme le souligne Denis Hauw, professeur à l’Université de Lausanne, dans un article du journal Le Temps, le mental n’est plus une boîte noire. Il est aujourd’hui un champ d’étude structuré :
L’un des apports majeurs des recherches en psychologie du sport est d’avoir identifié les caractéristiques mentales du sportif de haut niveau. Entre motivation, capacités à faire face aux situations difficiles, stratégies cognitives ou émotionnelles de régulation de la pression, il existe un nombre important d’habiletés mentales. On connaît aussi les effets sur la performance d’un entraînement spécifiquement ciblé sur ce mental.
– Denis Hauw, Professeur de psychologie du sport, Université de Lausanne
Reconnaître la préparation mentale, c’est accepter que la performance en endurance ne dépend pas seulement de votre VO2max ou de la puissance de vos quadriceps. C’est votre cerveau qui décide quand vous ralentissez, quand vous abandonnez ou quand vous puisez dans des ressources que vous ne soupçonniez pas. L’entraînement solitaire hivernal est le gymnase idéal pour ces habiletés : chaque sortie dans le froid est une séance d' »inoculation au stress », chaque montée difficile un exercice de gestion de la douleur, chaque moment de doute une opportunité de renforcer son dialogue interne.
Étude de cas : Préparation mentale pour Sierre-Zinal
Un protocole de préparation mentale sur 12 semaines a été testé sur des coureurs amateurs visant la mythique course Sierre-Zinal (31 km, 2100m D+). Ce protocole ne touchait pas à leur plan d’entraînement physique, mais se concentrait sur trois axes : visualisation hebdomadaire du parcours et des passages clés, fixation d’objectifs de processus (ex: « maintenir une fréquence cardiaque stable dans les montées » plutôt qu’un objectif de temps), et inoculation du stress via des entraînements volontairement réalisés dans des conditions difficiles (pluie, vent). Les résultats ont montré une amélioration moyenne des temps de 8 à 12% par rapport à leurs performances précédentes, une amélioration largement attribuée à une meilleure gestion de l’effort et une plus grande résilience le jour J.
En intégrant consciemment des exercices mentaux à votre routine, vous ne vous contentez plus de subir la solitude hivernale. Vous l’utilisez activement comme un outil pour devenir un athlète plus complet, plus fort et plus résilient, prêt à affronter non seulement les défis sportifs, mais aussi ceux de la vie quotidienne.
À retenir
- L’effort solitaire hivernal est une opportunité unique de développer une autonomie mentale, transformant la contrainte en force.
- La performance se mesure au-delà des chiffres : la qualité de l’expérience, la maîtrise technique et le plaisir sont des indicateurs de progrès cruciaux.
- La sécurité en montagne et la gestion de la confidentialité numérique sont des compétences mentales actives qui cadrent la pratique et apportent la sérénité.
La structuration intelligente de la charge de travail
L’autonomie mentale et les outils psychologiques ne peuvent s’épanouir que sur une base solide : une préparation physique intelligemment structurée. S’entraîner « au feeling » en hiver est le plus court chemin vers le surmenage ou la stagnation. La périodisation est la clé : il s’agit d’organiser son entraînement en cycles, avec des objectifs distincts pour chaque période, afin d’arriver au pic de forme au bon moment tout en prévenant les blessures. Pour l’athlète suisse, cette planification doit intégrer les spécificités du calendrier et de l’environnement local.
Une planification annuelle typique pour un coureur d’endurance en Suisse pourrait ressembler à ceci : les mois d’hiver (janvier-mars) sont consacrés à la construction d’une large base aérobie à faible intensité, souvent complétée par des sports portés comme le ski de fond ou le ski-alpinisme, qui renforcent le système cardiovasculaire sans les impacts de la course. Le printemps (avril-mai) est une phase de transition, où le volume de course augmente progressivement, avec une introduction du dénivelé. L’été (juin-juillet) est la période de développement spécifique, avec des séances d’intensité plus élevées pour préparer les compétitions estivales. Enfin, l’automne est une phase de récupération active et de cross-training pour régénérer le corps et l’esprit.
Le tableau suivant propose un modèle de périodisation adapté au calendrier suisse, en distinguant la charge externe (le volume et l’intensité planifiés) de la charge interne (l’effort perçu, ou RPE).
| Période | Objectif | Charge externe | Charge interne (RPE) |
|---|---|---|---|
| Janvier-Mars | Base aérobie + ski de fond | Volume élevé (8-12h/sem) | RPE 5-6/10 |
| Avril-Mai | Transition trail | Volume modéré + dénivelé | RPE 6-7/10 |
| Juin-Juillet | Spécifique compétition | Intensité élevée | RPE 7-8/10 |
| Août (ex: Sierre-Zinal) | Affûtage | Volume réduit 40% | RPE 5-6/10 |
| Septembre-Octobre | Récupération active | Cross-training | RPE 4-5/10 |
Concilier cette charge avec une vie professionnelle est le défi majeur. Voici un exemple de semaine type pour un athlète amateur travaillant à 100%, qui optimise les créneaux horaires pour un équilibre durable :
- Lundi : Récupération active 30min (midi) – mobilité ou yoga.
- Mardi : Séance qualité 45min (soir) – intervalles courts sur le plat.
- Mercredi : Endurance fondamentale 1h (matin avant le travail).
- Jeudi : Renforcement musculaire 40min (midi ou soir).
- Vendredi : Repos complet ou natation de récupération.
- Samedi : Sortie longue en montagne 2-4h avec dénivelé.
- Dimanche : Sortie à allure modérée 1h30 ou randonnée active en famille.
Cette structure apporte clarté et intention à chaque séance. Elle vous libère de la question « que dois-je faire aujourd’hui ? » et garantit que chaque effort, même solitaire et dans le froid, s’inscrit dans un plan plus vaste qui vous mène vers vos objectifs. C’est le mariage de la passion et de la raison, la fondation sur laquelle toute la préparation mentale peut s’épanouir.
Questions fréquentes sur La psychologie de l’effort solitaire
Comment masquer mon domicile et mon lieu de travail sur Strava ?
Pour protéger votre vie privée, accédez aux paramètres de confidentialité de votre compte Strava. Cherchez l’option permettant de créer des « zones de confidentialité » (parfois appelées « zones masquées »). Vous pouvez définir une zone d’un rayon de plusieurs centaines de mètres autour de votre domicile et de votre lieu de travail. Toute partie de votre activité qui commence ou se termine dans cette zone sera masquée sur la carte pour les autres utilisateurs. Pour une protection maximale, vous pouvez aussi choisir de masquer entièrement les cartes de vos activités, afin qu’elles ne soient visibles que par vous.
Puis-je empêcher les notifications automatiques à mes abonnés ?
Oui, Strava a tendance à notifier vos abonnés pour de nombreuses actions (nouvelle activité, kudos, etc.). Si vous souhaitez réduire ce bruit, allez dans vos paramètres de confidentialité ou de notifications. Vous devriez trouver une option comme « Partager mes activités avec mes abonnés ». En la désactivant, vos sorties ne généreront plus de notifications automatiques, vous permettant de partager vos entraînements de manière plus discrète.
Comment gérer mes anciennes activités déjà publiées ?
Si vous prenez conscience des enjeux de confidentialité aujourd’hui, il est possible de modifier la visibilité de toutes vos activités passées en une seule fois. Dans les paramètres de confidentialité, cherchez un outil de modification en masse, souvent intitulé « Modifier les activités passées » ou « Contrôles de la confidentialité des activités ». Cet outil vous permettra d’appliquer de nouveaux paramètres (par exemple, changer la visibilité de « Public » à « Abonnés » ou « Privé ») à l’ensemble de votre historique d’activités, y compris la visibilité de votre fréquence cardiaque.